dimanche 18 novembre 2012

La fin des abeilles


Einstein, c'est bien connu, adorait papoter violon et entomologie avec sa secrétaire particulière Helen Dukas. Il lui aurait révélé que l'humanité ne survivrait que quatre ans à la disparition des abeilles. Le bougre ne prit apparemment pas trop le temps de lui expliquer les détails de sa pensée ni les raisons de son funeste pressentiment à propos d'apis mellifera, trop occupé à réfléchir à l'unification des forces.

Le fait est que l'effondrement spectaculaire des populations d'abeilles ces dernières années (notamment depuis 2006 aux États-Unis et en Europe) nous laisse aussi pantois qu'un épi d'orge sous un nuage de criquets. D'autant que les explications "scientifiques" ne manquent pas pour nous expliquer que les carottes sont bientôt cuites (de préférence confites au miel, ma recette préférée) : virus, parasites, retraite des exploitants et bien entendu pesticides.

Une des problématiques majeure rencontrée par la communauté scientifique réside surtout dans le fait que l'on trouve énormément de données contradictoires sur le sujet, la FAO faisant même état en 2009 d'une augmentation de la population d'abeilles au niveau mondial, et que les réalités semblent disparates selon les régions du globe. On peut également soupçonner de grands lobbys d'alimenter le débat en données "maison" afin d'accroitre encore le sentiment de confusion et de gagner du temps. Mais je ne vous emmènerai pas dans ce type de considérations.

En Europe, un consensus se créé peu à peu à l'encontre des pesticides, notamment depuis les résultats d'une étude sur les néonicotinoïdes publiée en mars par une équipe INRA / CNRS. Cela est d'autant plus remarquable compte tenu de l’asymétrie de moyens entre la recherche et les groupes internationaux.

Cependant, le fait que ce soit une équipe Française ayant démontré la dangerosité de ces produits me semble plutôt être un handicap. A l'étranger on nous soupçonne parfois d’être dirigés par une bande de dangereux gauchistes poussant nos riches à s'exiler à Londres ou en Belgique...voilà maintenant nos chercheurs pourfendeurs des cultures mondialisées et de leurs expédients chimiques, contre-progressistes et farouches assaillants des modèles agricoles actuels.

Le risque d'étiquetage idéologique de la recherche n'est pas loin (tout comme on prêtait des intentions maccarthystes à Einstein lorsqu'il prit position contre la ségrégation raciale), et le relais ultra militant fait par bon nombre d'associations "écologiques" risque également de desservir la cause.

L'abeille est en réalité aujourd'hui un véritable symbole de la défiance envers les institutions, notamment la commission européenne, qui est souvent perçue comme bien trop "influençable" par les lobbys défendant tel ou tel intérêt économique. La récupération de l'abeille comme porte d'entrée vers un recrutement idéologique n'est pas loin. Car à travers ce combat louable, c'est la réflexion même sur nos modèles de société et notre place dans l'écosystème qui nous est proposée.

Les protagonistes se mettent donc peu à peu en place. Le tissu associatif, les autorités sanitaires, la commission de Bruxelles, les scientifiques et les lobbys agrochimistes, avec les flots respectifs d'info / intox. Au citoyen de faire le tri.

Si la bataille qui a lieu en ce moment au niveau européen est certainement déterminante pour la survie des abeilles, elle l'est également pour les jeux de pouvoirs. Les institutions européennes font à mon avis preuve de faiblesse tactique en déléguant le travail d'évaluation sur les néonicotinoïdes à un groupe « informel » d’experts, l’ICPBR (International Commission on Plant-Bee Relationships) qui est composé aux deux tiers par des membres de l’industrie agrochimique.

En réponse, des milliers de concitoyens se mobilisent à travers toute l’Europe pour obliger les députés européens à intervenir, notamment via des pétitions en ligne.

Le combat pour la petite abeille se transforme peu à peu en un combat pour des droits citoyens, où le peuple impose à ses élites son agenda. Qui a parlé de Révolution ?






Le lien vers la pétition de pollinis :
http://www.pollinis.org/petitions/petition_201210.php

Un extrait de l'appel du Délégué Général de Pollinis : 

Toute la communauté scientifique sait que ces pesticides néonicotinoïdes font des ravages irréparables sur les abeilles :

Dans les ruches en bonne santé, ces produits neurotoxiques agissent sur le système d’orientation des abeilles, les empêchant de revenir à la ruche. Incapables de retrouver leur chemin, elles finissent par mourir d'épuisement . Petit à petit, les ruches se vident, les essaims sont décimés, et c'est tout l'écosystème qui se trouve en danger(7). Dans les ruches déjà affaiblies par un parasite ou une maladie, les néonicotinoïdes apportent le coup de grâce aux abeilles, qui n’ont plus assez de force pour résister à ce poison trop violent(6).

Alors oui, il y a urgence à retirer ces substances toxiques du marché !

J’espère que je peux compter sur votre action. Vous, moi et tous les citoyens qui se soucient des abeilles, de la biodiversité et de l'avenir des générations futures, nous sommes le seul rempart face à la rapacité des firmes agrochimiques.

Ces firmes l’ont déjà annoncé : elles mettront « tous les moyens » pour continuer à faire autoriser leurs produits. Et quand on voit les ressources financières énormes dont elles disposent, il y a de quoi s’inquiéter(8) !

Aussi, je vous demande de signer dès maintenant votre pétition aux députés européens, et de transmettre ce message à vos proches, vos amis et vos collègues, pour leur demander d’agir, eux aussi, pour faire barrage aux fabricants de pesticides tueurs d’abeilles.

Bobby


Sources :
http://www.inra.fr/presse/abeilles_desorientees_par_faible_dose_insecticide

http://www.pollinis.org/

http://cdurable.info/Pesticides-revelations-sur-un,358.html

http://en.wikipedia.org/wiki/Colony_Collapse_Disorder

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